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Une peau à soi
2019 - en cours

« Une peau à soi » est un travail mêlant photographie et entretiens, visant à mettre en lumière le mal-être des femmes et personnes non-binaires lié aux injonctions faites aux corps par le système patriarcal. Ici, je poursuis mon questionnement sur les conséquences des violences faites aux femmes. Dans cette série entamée en 2019, je documente avec force et douceur les répercussions de ces dictats sur la santé mentale et sur la connexion au corps de chacune. Cette maison-corps qui devient étrangère à force d’être subie, commentée, violentée puis détestée.

Comment s’aimer quand on déteste son corps ? Quand tout dans notre société est fait pour qu’on en vienne à le détester ? Et que même des douleurs naturelles nous sont refusées ? Comment s’aimer quand la maladie ou l’âge s’ajoutent à nos souffrances ? 

Par ces portraits et ces paroles, je veux nous faire comprendre la puissance dévastatrice de toutes ces violences, qui traumatisent le destin de nombreuses personnes : celles passées trop vite de petite fille à femme à force d’être sexualisées, celles violées dès leur plus jeune âge, celles qui ont vécu depuis l’enfance sous régime alimentaire, celles touchées par des maladies peu prises en compte et qui voient leur corps changer et marquer avec le temps, celles qui souffrent de ne pas vouloir ou de pas pouvoir devenir mère, celles qui ne se reconnaissent pas dans leur genre, ou encore celles qui se font violence pour correspondre à l’imagerie véhiculée par les magazines…

Le corps féminin n’a jamais été vraiment à soi. Comme le dit Camille Froidevaux-Metterie : « des origines antiques jusque dans la modernité démocratiques, les femmes n’ont ainsi été que des corps, assignées à la sexualité et à la maternité. ». 

« Une peau à soi » évoque le manque d’amour pour notre peau et les liens complexes que les femmes entretiennent depuis toujours avec leur corps. Ce travail raconte ce combat de l’intime face à cette exigence du corps perfectible, en portant sur les formes et les détails trop souvent détestés, un regard plein de respect et de dignité.

À travers ces histoires singulières dominées par des souffrances systémiques entre injonctions, maladies, complexes et violences, je veux donner la voix aux corps pas ou peu représentés et rappeler avec sensibilité une tendresse oubliée.

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